Ces derniers temps, j’avais envie de vous parler de plusieurs choses qui m’avaient accroché, et donc écrire plusieurs articles. J’avais noté ça dans mon agenda, comme un pense-bête, la dernière semaine d’avril.
Et puis je n’ai rien écrit. J’ai laissé un peu tomber ce blog et ses lecteurs. Par paresse ou désinvolture. Je sais pas.
Aujourd’hui je vous livre tout ça ensemble, parce que je veux tout de même vous en parler, et parce que peut-être finalement tout est lié.
Deux écrivains, « témoins de leur temps », comme on dit, ont disparu récemment, et ça vaut le coup de vous y intéresser : d’abord Eduardo Galeano, une des consciences de l’Amérique du sud, qui a écrit entre autres Les veines ouvertes de l’Amérique latine en 1971. C’est un essai qui décortique l’exploitation de ce continent par les pays étrangers depuis le XVème siècle. Quand je suis arrivé en Bolivie en 1981, on m’a vivement conseillé de le lire. Là-bas, c’est le livre de chevet de la gauche latino-américaine. Ce qui était frappant en le lisant, au début des années 80, c’est de constater que rien n’avait changé dans ces pays depuis leur indépendance. Eduardo Galeano, de nationalité uruguayenne, plusieurs fois emprisonné, exilé, a été un collaborateur du Monde diplomatique. Et Les veines ouvertes… est une somme historique indépassable.
Au même moment disparaissait l’écrivain allemand Günter Grass, surtout connu ici par l’adaptation cinématographique de son livre Le tambour. Romancier et essayiste, figure éclairée et éclairante de la gauche allemande, il avait avoué tardivement avoir fait partie des jeunesses hitlériennes quand il était un gamin qui ne comprenait rien. Cela m’amène à vous conseiller de voir un film très récent, que j’ai vu en avant-première au festival Itinérances le 27 mars dernier, Le labyrinthe du silence, du réalisateur allemand d’origine italienne Giulio Ricciarelli, qui explique comment les Allemands qui n’avaient pas vécu la deuxième guerre mondiale ont découvert Auschwitz. Et comment le silence a régné pendant près de quinze ans après la fin de la guerre. Malheureusement ce film n’a pas été programmé aux Arcades, et je crois qu’il n’est déjà plus au programme du Sémaphore (à vérifier). Surveillez la sortie du DVD.
Je pense que si on lit Eduardo Galeano et Günter Grass, si on voit Le labyrinthe du silence, on apprend beaucoup, et on ne s’ennuie pas.
J’avais envie de vous parler aussi de Petros Markaris, un écrivain grec, scénariste de Théo Angelopoulos (excusez du peu…) qui parle de son pays aujourd’hui par le biais du polar. Le commissaire Kostas Charitos, ses adjoints un peu « bras cassés », sa femme, sa fille, son gendre, son vieil ami communiste qui fut torturé sous la dictature des colonels, ses enquêtes au milieu des embouteillages et des manifestations au coeur d’Athènes peignent la Grèce actuelle avec profondeur et humour. Sa dernière trilogie (Liquidations à la grecque / Le justicier d’Athènes / Pain, éducation et liberté, tous parus en poche, demandez-les à votre libraire) nous met en face d’assassins (presque) sympathiques et d’assassinés (complètement) pourris… Et nous donnent envie de lire ses 6 ou 7 romans précédents, comme une série.
J’avais envie de vous parler du magnifique festival de documentaires de Lasalle, où chaque film vous fait voyager et vous apprend ce que la télé ne vous dit pas, mais là c’est fini, rendez-vous l’année prochaine (c’est en même temps que la feria d’Alès mais c’est pas tout à fait la même ambiance…)
J’avais aussi envie de vous faire partager une « plus belle chanson du monde de la semaine », And the band played Waltzing Matilda, des Pogues, mais j’ai cherché autour, et j’ai trouvé tout plein d’infos, il faudra que j’y consacre un article plus long que d’habitude.
À bientôt, donc.