Allons bon ! Voilà notre Grégoire qui se fait un deuxième « coming out » en s’avouant maintenant fan de SF. Tu me diras, après le football, ça pouvait pas être pire. Mais c’est pas forcément mieux.
La plupart des bouquins de SF que j’ai essayé de lire me sont régulièrement tombés des mains. J’ai pourtant tenté les maîtres incontestés : Bradbury, Asimov, Van Vogt, Frank Herbert… Pour moi, ce genre relève presque toujours d’une prétention littéraire boursouflée. Les auteurs de science fiction sont souvent des adultes mal grandis, qui pensent régler le sort du monde par allégorie, une façon bien naïve de décrire l’aujourd’hui en le transposant à un demain peuplé d’êtres menaçants, qui serait notre futur tragique, forcément tragique…
Pire que tout, les grands maîtres de la SF manquent particulièrement d’humour. Jeune adulte, j’ai toujours préféré, au coeur des années 70-80, la dérision de Fluide Glacial à la branchitude sci-fi de Métal Hurlant. Il n’y a qu’à voir ce qu’est devenu aujourd’hui Giraud/Moebius, entre peyotl et sectarisme new age…
Alors bien sûr il existe des exceptions. En France tout d’abord, quelques oeuvres de Robert Merle et de René Barjavel sont particulièrement réussies. (Peut-être parce qu’elles n’ont pas besoin de se tourner vers des planètes inconnues peuplées d’aliens issus de la pauvre imagination de l’homme terrien, même écrivain, êtres à la fois trop ressemblants et trop superficiellement différents, comme par une sorte d’anthropomorphisme que nos auteurs ont du mal à dépasser.) Elles se passent sur Terre, et nous questionnent sur le pouvoir, sur les choses abominables que l’homme est prêt à accomplir pour sa survie. Dans cette catégorie on peut aussi englober le 1984 d’Orwell ainsi que Le meilleur des mondes et La paix des profondeurs d’Huxley. On n’y parle pas de martiens, mais de (hé oui…) politique. J’ai lu aussi autrefois un bouquin très original, dont je ne me souviens ni du titre ni de l’auteur, qui mêlait linguistique et science fiction, avec un parallèle entre des langues de peuples primitifs et d’aliens. Qui pourra me renseigner sur ce livre me fera un grand plaisir…
Enfin, pour terminer sur une note plus gaie, saluons la science fiction quand elle se tourne résolument vers l’humour, la dérision et l’auto-parodie, comme dans la BD Valérian de Mézières et Christin, et surtout les hilarantes nouvelles (parfois de quelques lignes seulement) du génial et regretté Fredric Brown.
Bon. Peut-être que je vais lire Damasio, mais j’ai le sentiment que je risque de m’ennuyer profondément…