Le Blog-Notes

Une pensée libre

Archive for novembre 2010

No Future

Posted by Lionel Sugier sur 29 novembre 2010

Allons bon ! Voilà notre Grégoire qui se fait un deuxième « coming out » en s’avouant maintenant fan de SF. Tu me diras, après le football, ça pouvait pas être pire. Mais c’est pas forcément mieux.

La plupart des bouquins de SF que j’ai essayé de lire me sont régulièrement tombés des mains. J’ai pourtant tenté les maîtres incontestés : Bradbury, Asimov, Van Vogt, Frank Herbert… Pour moi, ce genre relève presque toujours d’une prétention littéraire boursouflée. Les auteurs de science fiction sont souvent des adultes mal grandis, qui pensent régler le sort du monde par allégorie, une façon bien naïve de décrire l’aujourd’hui en le transposant à un demain peuplé d’êtres menaçants, qui serait notre futur tragique, forcément tragique…

Pire que tout, les grands maîtres de la SF manquent particulièrement d’humour. Jeune adulte, j’ai toujours préféré, au coeur des années 70-80, la dérision de Fluide Glacial à la branchitude sci-fi de Métal Hurlant. Il n’y a qu’à voir ce qu’est devenu aujourd’hui Giraud/Moebius, entre peyotl et sectarisme new age…

Alors bien sûr il existe des exceptions. En France tout d’abord, quelques oeuvres de Robert Merle et de René Barjavel sont particulièrement réussies. (Peut-être parce qu’elles n’ont pas besoin de se tourner vers des planètes inconnues peuplées d’aliens issus de la pauvre imagination de l’homme terrien, même écrivain, êtres à la fois trop ressemblants et trop superficiellement différents, comme par une sorte d’anthropomorphisme que nos auteurs ont du mal à dépasser.) Elles se passent sur Terre, et nous questionnent sur le pouvoir, sur les choses abominables que l’homme est prêt à accomplir pour sa survie. Dans cette catégorie on peut aussi englober le 1984 d’Orwell ainsi que Le meilleur des mondes et La paix des profondeurs d’Huxley. On n’y parle pas de martiens, mais de (hé oui…) politique. J’ai lu aussi autrefois un bouquin très original, dont je ne me souviens ni du titre ni de l’auteur, qui mêlait linguistique et science fiction, avec un parallèle entre des langues de peuples primitifs et d’aliens. Qui pourra me renseigner sur ce livre me fera un grand plaisir…

Enfin, pour terminer sur une note plus gaie, saluons la science fiction quand elle se tourne résolument vers l’humour, la dérision et l’auto-parodie, comme dans la BD Valérian de Mézières et Christin, et surtout les hilarantes nouvelles (parfois de quelques lignes seulement) du génial et regretté Fredric Brown.

Bon. Peut-être que je vais lire Damasio, mais j’ai le sentiment que je risque de m’ennuyer profondément…

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Là, ça décoiffe vraiment !

Posted by Grégoire Abitan sur 26 novembre 2010

Souvent on distingue la vie réelle et ce qui se passe dans les romans. En particulier lorsqu’il s’agit de romans dits de « Science-Fiction ».

Je voudrais donc très sérieusement attirer votre attention sur « La Horde du Contrevent » d’Alain Damasio publié en 2004 aux éditions La Volte

Et là, petit aparté, c’est la classification elle-même qu’il faut bousculer comme celle des genres musicaux (on en a beaucoup parlé sur ce blog) car sinon seuls les amateurs de SF (je ne traduis pas !) iront prendre sur les rayons cette oeuvre et pour beaucoup n’y trouveront pas ce qu’ils ont l’habitude de lire dans ce genre-là. De plus, beaucoup de lecteurs n’iront même pas parcourir le rayonnage en question au prétexte qu’il s’agit de Science-Fiction et qu’ils n’en lisent pas (c’est même dit parfois avec fierté). On pourrait décliner cet aparté au sujet des « polars » et autres romans noirs…

Pourtant ce bouquin-là, « La Horde du Contrevent », est singulier. Je ne sais pas comment vous le décrire car en résumer l’histoire ne suffira pas à rendre compte de l’effet produit par cette écriture à la fois simple et sophistiquée. Je vais donc reprendre la critique publiée sur le site « Le Cafard Cosmique » par un certain « Pat ».

C’est une quête.

La quête d’un groupe d’hommes et de femmes remontant une terre plate à la recherche de la source du vent, ce vent contre lequel ils luttent pour avancer et qui a forgé leur univers, leur culture, la forme de leurs maisons et de leurs chansons, leur langage et leur enfance.

La quête d’un auteur au bout des mots, au bout du souffle, en pleine expérimentation en royaume de fantasy, avec poésie, audace et ce qu’il faut de lyrisme pour réussir un chef-d’oeuvre.

Et pour être complet (après tout, ici, je n’hésite pas à m’octroyer toute la place que je souhaite) voici la quatrième  de couverture de l’édition de poche publiée chez Folio en 2007 :

Un groupe d’élite, formé dès l’enfance à faire face, part des confins d’une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l’origine du vent.
Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromaître et géomaître, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d’un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou.
Expérience de lecture unique, La Horde du Contrevent est un livre-univers qui fond d’un même feu l’aventure et la poésie des parcours, le combat nu et la quête d’un sens profond du vivant qui unirait le mouvement et le lien. Chaque mot résonne, claque, fuse : Alain Damasio joue de sa plume comme d’un pinceau, d’une caméra ou d’une arme…
Chef-d’œuvre porté par un bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix de l’Imaginaire.

Voilà pour la promotion et la trame de ce livre. Une de ses singularités réside surtout dans la forme de la narration : c’est un récit à plusieurs voix (22 pour être précis) et les voix se succèdent, signalées seulement par un petit pictogramme qu’on finit par mémoriser. Fort heureusement, un signet détachable est fourni, ce qui permet tout d’abord de marquer sa page (en réalité peu utile car vous aussi, vous allez le lire d’une traite), mais surtout de savoir qui « parle » !

J’ai commencé ce billet en parlant de la vie réelle : lisez ce livre (et après tout, peu importent l’histoire, les personnages etc etc) puis allez vous placer dans un endroit venté (avec ou sans éoliennes…), fermez les yeux et écoutez le bruit du vent, écoutez le bruit de tout ce qui est déplacé par ce vent, sentez-en toutes les différences d’intensité et de  rythme et là vous comprendrez pourquoi ce livre m’a décoiffé.

L’air qui nous entoure est formé de véritables veines de vents et la lecture de ce livre devrait être obligatoire dans toutes les écoles de parapente, de voile, d’aviation ou même de parachutisme.

Pour finir, et parce que là encore ça en vaut la peine, procurez-vous le premier roman d’Alain Damasio : « La Zone du Dehors », là aussi on est dans l’imaginaire mais un imaginaire plus politique. Promis, je le relis pour rafraîchir ma mémoire et vous en fais un billet prochainement !

D’ici là, pour compléter votre plaisir, voici le lien vers un site dédié à l’univers de ce livre, à chacun d’y trouver un complément : c’est là


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Décryptage

Posted by Grégoire Abitan sur 19 novembre 2010

Ben voilà, c’est fait.

Après une gestation à n’en plus finir, le nouveau gouvernement est né et toujours aussi perspicaces, les journalistes et analystes politiques nous expliquent en quoi ce gouvernement répond surtout à la préparation de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

Il n’y a rien de particulier à ajouter tout semble dit et bien dit sur ce thème.

Deux ou trois petites observations cependant : Eric Besson passe, entre autres, à l’économie numérique (secteur qui lui avait déjà été confié auparavant). Là, je vous en avertis, ça va craindre !

Attendez-vous à l’augmentation des fichiers de toutes sortes, à des innovations technologiques importantes (tiens, par exemple, pourquoi pas des caméras de surveillance confiées à des « citoyens » volontaires comme en Angleterre ?) et, comme par hasard, réduisant l’espace déjà restreint de liberté existant sur le net. Le tout sera étayé par un ton calme et assuré, le regard droit et la main sur le coeur avec des formules du style « Lorsqu’on n’a rien à se reprocher, on n’a rien à cacher… » . J’exagère ? Peut-être, on en reparlera dans quelques semaines…

Quant à la modification cosmétique de l’intitulé du ministère de l’Intérieur… c’est sûrement comme cela qu’ils entendent « l’intégration ». De toutes façons, pour Mr Hortefeux, l’identité nationale, pas la peine de lui faire un dessin…

Heureusement et comme pour nous laisser un peu d’humour dans notre désolation : il y aura l’inénarrable Frédéric Lefebvre et ses formules si nuancées. N’oublions pas qu’il se dit aussi spécialiste des questions concernant les médias et l’audiovisuel. Le site du journal Le Monde nous propose un florilèges de ses « meilleures » sorties, c’est là et c’est pas triste.


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Les paroles s’envolent et les écrits restent…

Posted by Grégoire Abitan sur 16 novembre 2010

Comme beaucoup d’entre vous, je me mets en route le matin avec la radio en accompagnement et France Inter en particulier.

L’enchaînement de la grille m’est désormais familier, les chroniqueurs aussi, depuis longtemps.

Mais ce mercredi 10 novembre je reste étonné devant la chute de la chronique de Bernard Guetta et il me semble y entendre son souhait de voir Nicolas Sarkozy réélu en 2012.

Bon, pourquoi pas. Après tout il a le droit, lui aussi, d’avoir son opinion là-dessus et c’est plutôt de le voir exprimer un tel souhait que le souhait à proprement parler qui me surprend (même si son parcours personnel semble indiquer d’autres choix que Mr Sarkozy).

Plus tard, parce qu’il est toujours possible d’avoir mal entendu, je me suis connecté sur le site de France Inter à la page de cette chronique : c’est là.

Le texte est clair et net (aussi précis,sentencieux et souvent juste que beaucoup d’autres chroniques de Bernard Guetta) et se termine ainsi :

« …son aura en sera tant grandie qu’il sera réélu en 2012, deviendra le premier des Européens et remettra le monde sur ses rails. Peut-être… On verra. Nicolas Sarkozy a très activement préparé cette présidence mais, en attendant, c’est la guerre. »

Rien à dire ! j’ai donc audio-halluciné… mais, pris d’une méfiance atavique, je clique sur l’extrait sonore permettant de réécouter la chronique (et vous aussi, vous pouvez le faire pendant 180 jours à dater du 10 novembre) et là, on peut entendre, entre « Peut-être » et « On verra », un « C’est à souhaiter« .

Alors, involontaire ou non, ce qui me reste en travers c’est cette différence entre ce qui est publié et ce qui a été dit. Mais, la différence, c’est aussi le slogan de France Inter alors…

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The Bruit

Posted by Lionel Sugier sur 12 novembre 2010

Le nouveau disque de Neil Young s’appelle « Le Noise ». Il est produit par Daniel Lanois, un monsieur très bien qui a produit déjà de grands disques, notamment « Time Out Of Mind » de Bob Dylan, en 1997, ce qui prouve que ce Lanois, Canadien anglais, n’est pas précisément un perdreau de l’année. Je me souviens d’un titre enregistré sous son nom, « Jolie Louise », un peu cajun, qui passa un temps à la radio. Le jeu de mots bilingue entre Lanois et « Le Noise » paraît évident, tant les Canadiens s’amusent à mélanger le français et l’anglais, même si ni Daniel Lanois ni Neil Young ne sont a priori très francophones. Mais ils sont tous deux Canadiens, donc…

Dans ce disque, la production de Lanois est très discrète : quelques distorsions de voix et de guitare, quelques échos, quelques notes de synthé… Certains la trouveront peut-être même un peu déplacée, mais la collaboration a l’air d’avoir beaucoup plu à Neil Young.

Sinon, c’est du Neil Young pur, brut, sans concessions. Un Neil Young comme on n’en avait pas entendu depuis un petit moment. Ces derniers temps, il semblait avoir un peu laissé de côté la création pour se tourner vers ses inépuisables archives. Des concerts anciens jamais sortis, que l’on découvrait en 2006, puis 2007, une compil en 2004, une autre l’année dernière, un Chrome Dreams II en 2007 dont le fabuleux morceau de bravoure (plus de 18 minutes de furie) était initialement prévu pour un album sorti en 1988, un autre « live » de 1992, avec entre temps 2 albums originaux peu convaincants ( « Living With War » en 2006 et « Fork In The Road » en 2009), bon, l’inspiration youngienne avait tendance à se tarir.

Puis vint Lanois, peut-être, en tout cas « Le Noise ». Cet album est l’un des meilleurs disques de Neil Young, le disque d’un renouveau, d’une énième renaissance, un disque comme il n’en avait encore jamais fait. Ici, pour la première fois, il est seul de bout en bout, il chante et joue de la guitare, la plupart du temps électrique, sauf sur deux titres où il reprend l’acoustique. En écoutant ces morceaux, on ne peut s’empêcher de penser aux quelques disques charnière de sa carrière. Ceux qui le faisaient rebondir après une période décevante. Ceux qui faisaient revenir vers lui ses fidèles un peu déçus. Ceux qui lui amenaient de nouveaux fans, venus du punk, du grunge…

Dans « Le Noise », Neil Young est, donc, seul à la guitare, comme dans la BO de « Dead Man », le film de Jim Jarmusch, où il improvisait sur les images, mais là en plus il chante, avec cette voix aigüe, fragile et forte à la fois, que le temps n’a pas altérée.

Dans « Le Noise », Neil Young se renouvelle tout en revenant aux racines, comme dans « Ragged Glory » en 1990, tout aussi incandescent mais sans avoir besoin de Crazy Horse ici pour le soutenir.

Dans « Le Noise », Neil Young parle de lui, de son amour, de son parcours, de ses gosses, de la force que lui donne la vie à l’écart des gens sages de son âge, et l’on retrouve les thèmes et l’ énergie de « Mirror Ball », album de 1995 avec Pearl Jam, tout aussi ravageur ici mais sans avoir besoin de Pearl Jam.

Le premier morceau acoustique de « Le Noise » évoque irrésistiblement deux de ses plus grandes chansons : « My My Hey Hey »(1979) et « Eldorado » (1989).

« Le Noise » est un album magistral, qui comptera dans la discographie de son créateur.

Neil Perceval Kenneth Ragland Young est né à Toronto le 12 novembre 1945. Aujourd’hui, pile, il a 65 ans. Et une puissance, une sensibilité intactes. Bien loin de l’image baba cool à laquelle on le résume trop souvent, parce qu’on ne cherche pas à le connaître.

Je vous invite à chercher à le connaître…

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