Le Blog-Notes

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Le choix des mots

Posted by Lionel Sugier sur 10 août 2016

genocide

Les responsables des attentats qui ensanglantent la France (et de nombreux autres pays) depuis quelques mois sont qualifiés par nos medias et nos responsables politiques de « terroristes islamistes ». Cette appellation ne semble gêner personne, et paraît naturelle. Permettez-moi, même si je suis ultra minoritaire, de la remettre en cause.

D’abord le mot « terroriste ». Je pense que, lorsqu’il y a conflit armé ou guerre civile quelque part dans le monde, que ce soit aujourd’hui ou hier, il y a toujours un groupe de combattants appelés terroristes par leurs ennemis. Les résistants, dans les années 40, étaient qualifiés de terroristes par les nazis et les pétainistes. Les Palestiniens aujourd’hui sont des terroristes pour l’état d’Israël, alors que le gouvernement de ce pays pratique, avec l’une des plus puissantes armées du monde, ce que d’autres appellent le terrorisme d’État.

On est toujours le terroriste de quelqu’un. Pour sauver la Révolution française, Robespierre n’a-t-il pas instauré la Terreur ?

Dans les années 1970, certains mouvements se réclamant de l’extrême gauche, comme la Fraction Armée Rouge en Allemagne (plus connue sous le nom de « bande à Baader »), les Brigades Rouges italiennes ou ici le groupe Action Directe n’ont-ils pas été catalogués terroristes ? C’est vrai qu’ils ont tous plus ou moins tôt dans leur brève histoire prôné la lutte armée, mais la répression en face n’a-t-elle pas été terrible ?

Utiliser le mot « terroriste » pour les assassins endoctrinés plus ou moins affiliés à Daech me paraît assez ambigu.

Vous me direz, oui, d’accord, mais là, dans le cas présent, on ajoute « islamiste ».

Et je vous répondrai que ça, ça m’ennuie encore davantage… « Islamiste », ça renvoie à « islam ».  Ça y fait immédiatement penser.

Or ces meurtriers et leurs commanditaires n’ont rien à voir avec l’islam. Mieux même : ils déshonorent cette religion, qui se veut religion de paix. Lorsque les martyrs de Daech invoquent Allah au moment de mourir, ce n’est pas Allah, ce n’est pas celui de 99,99% des musulmans, c’est une fausse idole qu’une secte mortifère leur a mise dans la tête.

Non, les assassins de Toulouse, de Charlie, de l’Hyper Cacher, du Bataclan, des terrasses parisiennes, de Nice mais aussi de Tunisie, de Syrie, d’Irak et d’ailleurs, sont des assassins, point barre. Dans le monde, la majorité de leurs victimes sont des musulmans !

Un terme approprié serait peut-être génocidaires.

Dans un récent Télérama, le psychiatre et anthropologue Richard Rechtman plaide pour l’anonymat des meurtriers, et assimile leurs crimes de masse (Paris, Nice, Mossoul, Raqqa…) à un génocide, les comparant au massacre des Juifs et des Tsiganes par les nazis (années 40), au massacre des Arméniens par l’Empire ottoman (1915/1916), au massacre des Tutsis par les milices hutues au Rwanda (1994), au massacre par les Khmers rouges de leur peuple au Kampuchéa démocratique -aujourd’hui Cambodge- (entre 1975 et 1979), au massacre de Bosniaques par les Serbes de Bosnie à Srebrenica (1995)… On tue ceux qui sont différents, qui sont « impurs » ou ne « méritent » pas de vivre, et on les tue en masse. On tue le maximum de personnes de sa propre espèce (l’espèce humaine) : on pratique un génocide.

 

2 Réponses to “Le choix des mots”

  1. Suzanne COULET said

    D’accord à 200%

  2. Raluy said

    C’est pas « génocide » non plus qu’il faut dire à mon avis. C’est plus court: « résultante de l’affrontement des cultures grâce aux nouveaux médias, alliée (la résultante) à une perte de valeurs grâce aux nouveaux médias ». C’est mieux, non ?

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