Le Blog-Notes

Une pensée libre

Jacquard : florilège

Posted by Lionel Sugier sur 19 septembre 2013

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Albert Jacquard (1925 – 2013).

Qui pour prendre la suite ?

Le mot qu’il détestait : « compétitivité »

Voici ce qu’il a dit (entre autres…) :

Les autres ne sont pas notre enfer parce qu’ils sont autres ; ils créent notre enfer lorsqu’ils n’acceptent pas d’entrer en relation avec nous.

Communiquer, c’est mettre en commun ; et mettre en commun, c’est l’acte qui nous constitue. Si l’on estime que cet acte est impossible, on refuse tout projet humain.

Respecter autrui, c’est le considérer comme une partie de soi, ce qui correspond à une évidence si l’on accepte la définition :  » Je suis les liens que je tisse avec d’autres. « 

Exprimer une idée est une activité difficile à laquelle il faut s’exercer ; la télé supprime cet exercice ; nous risquons de devenir un peuple de muets, frustrés de leur parole, et qui se défouleront par la violence.

Le rôle de l’école est d’intégrer un petit d’homme dans la communauté humaine, de transformer un individu en une personne. Répétons-le : éduquer c’est é-ducere, c’est conduire un jeune hors de lui-même, le faire exister dans les échanges qu’il vit avec les autres.

Il faut savoir être un citoyen, c’est-à-dire  » faire de la politique « . Certes, en faire c’est courir le risque de se tromper ; mais ne pas en faire est être sûr de se tromper.

Tout pouvoir est provisoire ; celui qui l’exerce doit savoir qu’il aura un jour à rendre des comptes.

On ne peut pas dire d’une oeuvre d’art qu’elle soit inutile ; certes elle n’apporte rien qui réponde aux besoins matériels de l’organisme ; mais elle est un moyen de communication entre celui qui la crée et celui qui l’admire ; elle répond donc au besoin humain le plus spécifique : mettre en commun.

L’oisiveté est, dit-on, la mère de tous les vices, mais l’excès de travail est le père de toutes les soumissions.

Le véritable remède contre le chômage est qu’il n’y ait plus de travail pour personne, mais pour chacun une place dans la société.

Or l’éducation n’a nul besoin de palmarès. À quoi peut bien servir le constat que l’élève X est « meilleur » que l’élève Y ? Ce besoin est arbitrairement suggéré par la société, qui propose en effet à chacun de se contenter du confort intellectuel qu’apporte la soumission à de multiples hiérarchies. Elle nous fait admettre qu’un parcours de vie se résume à un enchaînement de sélections. Pour jouer véritablement son rôle, l’école devrait tout au contraire tenir compte du potentiel créateur de chacun.

La liberté de chacun ne peut s’épanouir que si la société ne possède pas trop d’informations sur lui. « Je suis celui que l’on me croit », dit un personnage de Pirandello. Mieux encore serait : « Laissez-moi devenir celui que je choisis d’être. »

N’est-il pas grotesque de prétendre que « la France est championne du monde » alors que le respect de la vérité nécessite de dire simplement qu’une équipe subventionnée par le budget de l’État français a remporté un championnat ?

Si vraiment l’objectif est de participer, il ne peut pas être de gagner ; si vraiment l’objectif est de rencontrer amicalement d’autres êtres humains, il ne peut pas être de chercher à l’emporter sur eux ; si vraiment il s’agit de faire la fête, il ne peut pas s’agir de se doper. Pour éradiquer le dopage, la seule voie possible est d’en supprimer la cause, c’est-à-dire d’oublier la compétition.

Quand vous lisez cela, vous n’entendez pas sa voix ?

Moi, oui.

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